Comment rendre le secteur de l’objet média plus éco-responsable ?
En 2021, il n’est plus possible de proposer des goodies inutiles en plastique. Pourtant, l’objet média est un moyen de communication incontournable : plébiscité par les français, bon marché, qui crée de la sympathie pour les marques. Pour aider le secteur de l’objet publicitaire à évoluer, nous organisions le 9 février notre dernière conférence « Le Vrai du Faux de la Conso » dans le cadre du CTCO, grand rassemblement des acteurs de la filière de l’objet média.
« Comment rendre le secteur de l’objet média plus éco-responsable ? », c’est ce à quoi ont tenté de répondre nos experts :
- Marion Pascal, Responsable développement France chez EcoVadis
- Julien Azoulay, Country Manager France chez Xindao
- Marie Chaudy, Responsable marketing B2B chez GobiFrance
- Audelia Krief, Directrice Générale de Solo Group
- Geert De Wael, Directeur Qualité, R&D et RSE chez Solo Group
Sommaire :
- Qu’est-ce qu’un objet média éco-conçu ?
- Un objet média doit-il impérativement être made in France pour être éco-conçu ?
- L’importance de la mesure de l’impact
- Comment sont recyclés les objets publicitaires ?
- Conclusion : transparence, amélioration continue et mesure d’impact sont les maîtres mots !
1. Qu’est-ce qu’un objet média éco-conçu ?
On pense souvent qu’éco-conception rime forcément avec « made in France » et « zéro plastique ». La question est pourtant plus complexe que cela et beaucoup d’éléments entrent en ligne de compte.
Marie Chaudy nous explique par exemple que chez Gobi France, fabricant de la 1ère gourde éco-conçue entièrement made in France, la notion d’éco-conception intervient en amont même de la production d’une gourde. Pour la fabrication de leur 1ère Gobi, l’entreprise a cherché à comprendre comment les utilisateurs finaux allaient consommer le produit (conditionnement, lavage, utilisation, recyclage en fin de vie ….). L’intégralité du cycle de vie du produit est prise en compte afin d’en tirer un cahier des charges et des critères environnementaux très précis. In fine, l’utilisation de la Gobi doit permette une amélioration d’au moins 50%, par rapport à sa «non-utilisation» et donc l’usage de bouteilles en plastique, de gobelets jetables etc…
Pour les mêmes raisons, le choix du tritan (un plastique sans BPA) est totalement assumé. Marie Chaudy nous rappelle que si le plastique à usage unique représente un vrai danger pour la planète, le plastique n’est en soi pas un mauvais matériau (faible impact environnemental et forte durabilité).
Sachant que 5 mois d’utilisation compensent l’impact de fabrication d’une gourde en tritan (contre 30 mois pour une gourde en inox a simple paroi) et que l’inox à double paroi isotherme nécessite une technologie qui n’est à date maitrisée qu’en Chine, le plastique répond au final parfaitement, aux exigences d’éco-conception du produit.
Gobi, la 1ère gourde éco-conçue made in France
Pour Audelia Krief de chez Solo Group, un textile éco-conçu doit être conçu dans la maîtrise de l’ensemble des ressources à la fois environnementales mais aussi humaines, et ce sur l’ensemble de la chaîne de production. Solo produit ses articles textiles notamment au Bengladesh et tout est passé au crible : choix scrupuleux des matières et des usines partenaires, audit des process de production, attention portée aux moyens de transport, aux packagings… Tout est mesuré et c’est cette exigence qui petit à petit va faire évoluer les pratiques de tous les acteurs du secteur souligne Audèlia Krief. L’objectif est bien d’être dans une démarche d’amélioration continue et nécessite donc de tout mesurer, à chaque étape.
Geert De Wael, Directeur Qualité, R&D et RSE chez Solo Group complète en nous expliquant les exigences et le fonctionnement du label Fair Wear auquel adhère Solo Group.
La Fair Wear Foundation est une organisation indépendante multipartite. En collaboration avec les entreprises adhérentes, elle travaille pour contrôler et améliorer les conditions de travail dans l’industrie textile. Accompagnement, formations et bien sûr audits réguliers sont menés sur les conditions de travail dans les usines partenaires de Solo mais aussi sur l’ensemble de la chaîne de production : hygiène et sécurité, harcèlement, existence d’un contrat légal, non-discrimination, salaire minimum, des horaires de travail encadrés, pas de travail des enfants…
SOLO Group est membre de FAIR WEAR depuis 2014
Là encore, le maître mot est la mesure et l’amélioration continue : tout le monde a droit à l’erreur mais a le devoir de s’améliorer !
2. Un objet média doit-il impérativement être made in France pour être éco-conçu ?
Concernant la fabrication du produit, certains ont fait le choix du made in France d’autres non.
Pour Gobi par exemple, Marie Chaudy nous explique que produire en France est depuis toujours le choix de cœur des fondateurs, en raison de l’impact environnemental du transport depuis l’Asie. Un des gros avantages du made in France est aussi la possibilité de faire du circuit court et donc des livraisons rapides. En revanche, les investissements de départ sont conséquents, et il est parfois difficile de trouver le partenaire prêt à nous accompagner : il y a des savoirs-faire qu’on trouve facilement en Asie qui sont beaucoup plus difficiles à trouver en France ou en Europe.
C’est notamment pour cette raison que Xindao a fait le choix de continuer à importer beaucoup d’objets publicitaires de Chine, alors que l’éco responsabilité est au cœur même des valeurs de la marque. Julien Azoulay nous rappelle que pour de nombreux articles, s’approvisionner en Europe est impossible, et que l’expertise de l’Asie reste indispensable. De plus, certains objets media sont certes fabriqués en Europe, mais les matières premières elles, viennent d’Asie : ce qui est estampillé « made in France » devient alors un non-sens si on regarde l’empreinte carbone globale du produit !
Il devient donc indispensable d’avoir des exigences très poussées sur l’ensemble de la chaîne de production. Cela amène parfois à refuser de travailler avec certaines usines très compétitives mais qui n’ont pas été auditées et ne sont pas conformes aux exigences de Xindao en termes de conditions de travail notamment.
Depuis 2018, Xindao travaille avec des auditeurs indépendants et noue des relations de long terme avec ses usines partenaires. Toute nouvelle usine passe par des contrôles poussés, et seules les mieux notées sont retenues.
Des objets media fabriqués en Asie ET éco-conçus c’est donc possible, mais cela nécessite une rigueur et une exigence extrêmement poussées. C’est la valeur ajoutée d’une marque comme Xindao.
C’est aussi le cas de Solo Group qui travaille avec des usines basées au Bengladesh et sous label Fair Wear comme nous l’ont expliqué plus haut Audèlia Krief et Geert De Wael.
En parallèle Solo group a également fait le choix de revenir en France pour une partie de sa production textile et a créé en 2020 un atelier dans les Vosges. Même si le groupe est fier de (bien) produire en Asie, il a à cœur de revenir à des circuits plus courts. Là encore, un choix du cœur pour les fondateurs plutôt qu’une réelle opportunité économique.
3. L’importance de la mesure de l’impact
Chez Dream Act, nous sommes convaincus que derrière la consommation responsable il y a la notion de transparence et aussi d’amélioration continue. Pour cela, la mesure d’impact est indispensable. Cette notion est également au cœur de l’activité de nos 3 invités.
Chez Gobi, Marie Chaudy nous explique que « Chez Gobi, on mesure tout ». Pour cela l’entreprise se fait accompagner par des cabinets spécialisés dans l’éco-conception, des chercheurs spécialisés dans les matériaux ou encore des organismes tels que l’ADEME. Et comme l’impact n’est pas uniquement environnemental mais aussi social, la marque a décidé de travailler avec un ESAT pour favoriser le travail de personnes en situation de handicap ou d’exclusion sociale. Elle reverse également 1% de son chiffre d’affaires à des associations grâce à 1% pour la planète.
Chez Xindao, qui importe depuis l’Asie, Julien Azoulay souligne que la mesure de l’impact carbone du transport est suivie de très près pour favoriser les moins gourmands en CO2 à savoir le train (151 kg de CO2 par tonne importée en 2019) et le bateau (90kg de Co2 par tonne importée en 2019).
Et avec sa nouvelle gamme IMPACT, la marque sait désormais chiffrer l’économie d’eau réalisée grâce à l’utilisation de matières recyclées. Grâce à la technologie AWARE™, des micro-traceurs assurent la traçabilité des matières utilisées à chaque étape de la fabrication du produit.
Cela prend tout son sens quand on sait par exemple qu’un sac fabriqué avec du coton recyclé permet d’économiser 1631 litres d’eau !
Un sac en coton recyclé permet d’économiser 1631 litres d’eau !
Pour conclure, Marion Pascal de chez EcoVadis, acteur leader dans ce type d’évaluations, souligne que 70% de l’impact d’une entreprise se trouve dans sa chaine d’approvisionnement. Il est donc essentiel de ne pas uniquement chercher à améliorer ses pratiques en internes, mais également d’évaluer ses fournisseurs.
Ecovadis accompagne aujourd‘hui des entreprises de toute taille et de tout secteur. Le groupe effectue ses évaluations sur 4 piliers : l’environnement, le social, l’éthique et les achats responsables. Dans le domaine de l’objet media, c’est le critère social qui est le plus important et sur lequel se faire évaluer est une pratique qui se développe de plus en plus.
4. Comment sont recyclés les objets publicitaires ?
Le dernier point abordé de cette conférence fut la recyclabilité des objets média.
C’est là encore un sujet complexe car les fabricants n’ont pas la main sur la façon dont sont jetés ou recyclés les objets en fin de vie.
Néanmoins chez Gobi, on propose de venir récupérer les gourdes en tritan dans les entreprises pour en assurer le recyclage. Les chutes de plastique en usine sont quant à elles réutilisées pour des gobelets ou des étuis à couverts par exemple.
Chez Xindao, une partie des bio plastiques composites a été supprimée car le recyclage de ces matières est compliqué, même si la composition initiale reste plus propre que d’autres matériaux.
5. Conclusion : transparence, amélioration continue et mesure d’impact sont les maîtres mots !
Pour conclure, l’ensemble des experts de ce tour de table se sont accordés sur un constat : le secteur est actuellement en pleine évolution. Alors que 85% des français considèrent que le critère écologique est important dans un objet media, l’éco-responsabilité de ce secteur devient incontournable. Les acteurs qui mettent en avant dès aujourd’hui la transparence, l’amélioration continue et l’importance de la mesure d’impact luttent activement contre le greenwashing : ils ont donc un rôle clé à jouer et un message fort à porter auprès des grands annonceurs.
Vous êtes convaincu.e ? Retrouvez-ici nos conseils pour convaincre votre entreprise de passer à des objets publicitaires responsables
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